samedi 2 décembre 2006

Abolition des devoirs et des leçons au primaire

À mon sens, l’aide aux devoirs n’est pas un bon investissement en milieu scolaire car l’enfant, qui a déjà travaillé toute la journée, a absolument besoin de bouger, de courir et de se distraire. Pour faire un bon placement il est primordial de s’assurer du moment le plus opportun pour le faire et cette période idéale se situe durant les heures de classe et non après. Pour obtenir un meilleur résultat, exigeons de notre gouvernement qu’il investisse aux bons moments et aux bons endroits. Je suis d’avis que nous devrions investir plus de temps et d’énergie sur les surdoués et les élèves en difficulté d’apprentissage mais qu’il faut faire cet investissement sur le temps de classe en leur permettant d’avoir beaucoup plus de temps particuliers durant la journée et ce, avec des spécialistes.

Les devoirs au niveau du primaire, génèrent de l’agressivité, saccagent les relations familiales, nuisent à la forme physique, endommagent le matériel scolaire et font obstacle à l’apprentissage.

Je crois que tout comme n’importe quel travailleur, l’élève mérite d’avoir ses soirées pour se reposer. Les leçons et devoirs génèrent plus d’émotions négatives que positives parce qu’après une journée de travail l’élève a besoin de se changer les idées, de relaxer et de se divertir selon ses goûts et ses aspirations.

Il y a de plus en plus de familles dont les deux parents travaillent pour arriver à boucler le budget. Ces parents, qui arrivent chez eux fatigués de leur journée de travail, doivent s’attabler avec leurs enfants devant un travail souvent ardu pour les deux parties. C’est encore beaucoup plus pénible pour les familles monoparentales dont le parent a souvent deux emplois. Et que dire de l’enfant, qui tout seul, doit se présenter à l’école avec ses devoirs non faits et faire face à cette situation inconfortable dont souvent il n’est pas responsable.

Pour les parents provenant d’un milieu défavorisé, les immigrants qui ne parlent pas très bien ou voire même pas du tout le français, ceux-ci pourraient se libérer de travaux qui lui sont souvent incompréhensibles et éviter d’affronter cette réalité quotidiennement laissant beaucoup plus de chance à l’enfant d’admirer ses parents. Admettons que ce temps, dédié aux devoirs et aux leçons, nuit plus souvent qu’autrement aux relations familiales.

Un autre des effets directs des devoirs et des leçons est qu’ils handicapent la forme physique en prenant le temps précieux qui devrait servir aux activités physiques. Nous voulons une société en bonne santé, une société active, dynamique et pleine d’énergie mais nous continuons d’imposer des devoirs et leçons durant lesquels l’élève est encore assis. N’oublions pas que plus nous sommes détendus, plus nous avons une bonne forme physique plus nous serons vigilants voire apte à apprendre. Le temps consacré à la maison serait vite récupéré en classe parce que les enfants seraient en meilleure disposition mentale et physique pour faire leurs apprentissages.

D’une autre part, vous admettrez que les sacs à dos, remplis à craquer, ne sont pas ce qu’il y a de meilleur pour des muscles du dos d’un enfant. Fatigué, épuisé d’avoir à porter un fardeau si lourd, l’enfant apprend rapidement à le négliger.

Il lance son sac à dos dans l’autobus, dans la cour d’école (quelquefois dans une flaque d’eau) puis sur le pupitre. À l’école tout comme à la maison ce sac est vidé et rempli à toute vitesse.

Est-ce la meilleure façon d’enseigner la responsabilité envers la propriété des autres, compte tenu qu’une grande partie de la valeur de son contenu appartient à l’école. Connaissant cette réalité et sachant que les budgets des écoles pour le coût des manuels sont énormes ne serait-il pas le temps de constater que le matériel scolaire s’endommage quotidiennement de façon irréversible et ce, en grande partie à cause du transport pour les leçons et devoirs.

En éducation, l’apprentissage est définit comme «l’acquisition et l’intégration de nouvelles connaissances, dans le but de pouvoir les réutiliser fonctionnellement». Toute la journée l’enfant est en apprentissage. Le soir, l’enfant mérite grandement un répit. Laissons le laisser vivre sa vie d’enfant.

D’autant plus que l’abolition des devoirs et des leçons libérerait tout le monde d’une tâche déplaisante tout en développant une relation saine, harmonieuse autour d’activités amusantes.

En conclusion, j’affirme que les devoirs et les leçons font obstacle à l’apprentissage car ils relèvent directement du harcèlement et non de l'instruction ou de la formation.

Denise Desrochers
Enseignante au primaire
Formatrice en intelligence émotionnelle